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Les phrases Lavande
5 juin 2018

L'hypersensibilité

rose de fleurs

Aujourd’hui, je me suis réveillée tranquillement, entourée de mes trois chats peluche qui me guettent chaque matin. J’aime le gros ronron de Diégo lorsqu’il s’installe sur ma poitrine, met ses deux pates sur mon visage et frotte son museau sur mon nez pour être sûr d’obtenir des baisers. Evidence, elle, se roule sur la place vide de David. Je ne sais pas trop si elle s’enveloppe de son odeur, ou si elle reprend son territoire auprès de moi. Eliot, quant à lui, se tient au bout du lit, avec son regard insolent et presque insatisfait que je ne sois pas déjà dans la salle de bain à lui ouvrir le robinet de la baignoire.

Je savais qu’un ami de David venait dans la matinée pour travailler avec lui. Il fallait donc que je mette une stratégie pour être prête à son arrivée qui allait obligatoirement impacter mes rituels de début de journée. J’ai rejeté une de mes petites voix (car j’en ai un certain nombre) qui me disait que j’allais être ridicule avec mon café, ma tasse de lait au soja et ma tablette à jeux d’enfant (j’adore les fermes à construire, les bonbons à collectionner, etc.). J’ai gardé celle de la tranquillité qui m’encourage toujours à rester moi-même.

La sortie des chats a été de courte durée et cela m’a soulagée. Sans doute le temps grisonnant, ou des bruits étrangers dans le quartier. J’étais contente qu’ils soient de retour très vite, pour pouvoir refermer les portes, les fenêtres et me sentir protégée dans mon univers. J’ai si peur quand ils sont dehors… Il faudra vraiment qu’un jour, je décortique cette phobie !

Tout s’est bien passé quand Christophe était là. Il est toujours posé, avec une voix douce. J’apprécie de le voir discuter avec mon Chéri, qui est comme lui, dans cette tranquillité rassurante. Ils sont ainsi, avec une bonne gestion de leurs émotions, de leur hypersensibilité, ne se laissant débordés ni par les unes ni par l’autre. Ils ont appris, ont dû apprendre par la force des choses, par ces évènements qui vous marquent car ils vous poussent à bout, jusqu’à la destruction psychique, tant la peine est trop forte, tant l’existence devient pesante. Ils ont fait le choix non seulement de survivre mais aussi d’exploiter cette faille terrible de leur vie. Souvent je les envie. Ce serait tellement plus confortable si je savais faire comme eux. Souvent aussi, je me considère chanceuse car cette connexion à mes émotions est vive, intense et m’ouvre l’accès à toutes sortes de sensations.

Puis j’ai reçu un mail d’une amie à qui j’avais fait la requête de m’indiquer des pistes de réflexions pour des billets à venir. "Parler de l’hypersensibilité et des émotions extrêmes qu’elle induit, des fameux up and down."

Vraiment intéressant comme sujet ! Car cette hypersensibilité est souvent perçue négativement dans nos contrées, au contraire de certains pays comme l’Inde ou la Thaïlande. Elle serait l’apanage de 20 % de l’ensemble de la population mondiale, soit un individu sur cinq ! C’est assez conséquent, vous ne trouvez pas ? Car alors, ce ne serait pas à regarder comme une pathologie mais plutôt comme une caractéristique d’une classe de sujets.

J’ai observé tout au long de mon existence, et en particulier depuis ces cinq dernières années, que la société avait besoin d’étiquettes. Lorsqu’elle perçoit une différence chez un être, ou une attitude non adaptée, qui ne rentre pas dans les représentations normales, elle bifurque très rapidement sur un état de mal être, de maladie. Sans doute, notre héritage freudien nous oriente inconsciemment dans cet étiquetage rassurant ! On a vite fait de parler de phobie, de dépression, d’hyperactivité, voire de bipolarité, sans se soucier que cela est un autre mode de fonctionnement ou d’adaptation, en réponse aux stimuli de notre époque.

L’hypersensibilité

D’après Wikipédia, l’hypersensibilité est une sensibilité plus haute que la moyenne. Elle peut être vécue de manière positive par la personne qui la possède, ce qui lui permettra de trouver un équilibre dans cette hyper-expression de ses ressentis, de ses émotions, de ses facultés augmentées ou au contraire, cette intensité exprimée peut devenir lourde, encombrante et très difficile à gérer.

Yung a été le premier à la décrire. Selon lui, c’est un caractère enrichissant et je suis bien d’accord car cela s’accorde avec une certaine quête de devenir humain, cette conquête d’une spiritualité pour transcender l’esprit, la conscience et les pensées.

J’ai pu regarder un nombre croissant de sites traitant sur le sujet. La proportion de 20 % d’hypersensibles dans le monde tend à croitre et atteint les 30 %. Je m’interroge souvent sur le fait que cela pourrait être une évolution de notre cerveau, induite par les révolutions technologiques qui sont de plus en plus rapides, une adaptation forcée à cette vitesse qui ressort de ce virtuel qui nous accompagnent tant et plus au quotidien. Après tout, nous avons des millénaires derrières nous d’évolution partant de ce bipède animal et passant actuellement par cet humain conscient de ses pensées. De même, je me pose la question de savoir si c’est une réelle progression ou plutôt une réappropriation d’instincts profondément enfouis en nous. Ceci est un vaste débat qui se déploie certainement dans cette aspiration à revenir à la nature que l’on observe depuis les années soixante-dix et, en plus, je m’écarte de mon sujet.

Quelques dispositions de cette hypersensibilité

On parle plutôt de caractéristiques mais je préfère dispositions, comme être à disposition. On pourrait aussi dire particularités ou signes.

  • Encore plus…

Pour un même évènement, une stimulation identique, l’hypersensible va réagir dans le "plus" : plus réactif, plus impliqué, plus intéressé, plus émotif, plus touché. Cela entraîne une cohorte d’émotions et un travail accru du cerveau droit. Celui-ci, pour traiter ce nombre important d’informations, va devoir aller très vite, turbiner en quelque sorte, d’où cette impression parfois d’avoir la tête qui surchauffe, cela entraînant souvent une grande fatigue psychique, comme un coureur pourrait éprouver après un marathon. Pour ce dernier, personne ne sera étonné de cet épuisement et l’acceptera naturellement. Cette capacité à beaucoup ressentir, ce qui revient à avoir un bolide dans la tête entraîne presque comme un harassement. On se sent vidé, exténué et souvent sans défense, livré encore d’avantage aux stimuli de l’environnement.

Alors chacun élabore sa stratégie pour faire face, pour le vivre au mieux ou en bien. Certains créent un cadre qui gère ces facultés, comme des remparts à l’excès ou une acceptation et donc une capitalisation de ces émotions. D’autres, s’hypersensibilisent encore plus, entrant alors dans un cercle vicieux, dans une faille qu’ils vont encore plus élargir. Ce surplus d’émotions devient alors destructeur, induisant souvent de grandes peurs ou phobies, et des paniques inexplicables.

  • L’empathie

Ce serait plutôt une hyper-empathie (on est encore dans le "plus"). C’est une plus grande perméabilité au monde extérieur, une perception poussée de l’état des autres. C’est comme une éponge qui absorbe tout. Cette hyper-empathie amène le sujet à prendre en compte son entourage à l’extrême, avec une propension à vouloir porter la souffrance d’autrui.

Encore une fois, ce trait de caractère peut être assumé et permettre de s’épanouir dans la société ou au contraire cela peut conduire à être exacerbé et ne plus rien pouvoir absorber, évidemment.

  • La créativité

Du fait de cette utilisation importante de l’hémisphère droit du cerveau, l’hypersensible déploie un sens aiguisé pour l’esthétique et la création. L’imaginaire est débordant, tous les sens en exergue tendent à s’exprimer dans la musique, la peinture, l’écriture. Cela peut être une méthode pour canaliser les émotions, les faire vivre et les montrer au monde environnant. C’est aussi une vulnérabilité ouvrant sur une authenticité, un profond sentiment de connexion à l’univers.

Cette expression de la créativité s’accompagne souvent d’un grand degré d’exigence, un besoin de logique et de cohérence. Il y a une certaine sévérité qui peut se révéler, conduisant parfois à une dévalorisation de ses capacités, et un manque d’indulgence vis-à-vis de soi.

Je crois que l’équilibre s’installe lorsque l’on développe une certaine fierté de ses créations. Non pas un orgueil ou un égocentrisme. Plutôt une reconnaissance de ce merveilleux à l’instar de cet émerveillement qui fait jour pour le plus petit détail aperçu au détour d’un brin d’herbe surmonté d’une goutte de rosée, d’un chant d’oiseau qui réveille le matin, de l’odeur du pain grillé, du poil soyeux d’un chaton, de la douceur d’un carré de chocolat qui fond dans le lait chaud.

Pour terminer

J’ai parlé aujourd’hui de quelques traits de caractère de l’hypersensible. J’ai volontairement exposé ceux qui ont un aspect positif, le tout, d’une manière générale. J’écrirai prochainement sur d’autres traits de caractères et ce qu’ils impliquent, en faisant part de mon expérience (souvent), de mes écueils et des outils que j’ai utilisés, ou que j’utilise encore pour évoluer dans cet univers intense qui est le mien. Toujours en espérant pouvoir toucher ceux qui sont curieux, ceux qui souhaitent cheminer plus confortablement et plus sereinement et tout simplement, ceux qui en ont besoin.

Identifier ses besoins est un premier pas vers l’autonomie, la responsabilité de soi et l’acceptation de l’interdépendance.

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Commentaires
D
Je suis arrivée sur ce blog en faisant une recherche sur l'hypersensibilité et j'ai lu tout ce texte avec beaucoup de plaisir. J'ai particulièrement aimé votre façon de raconter avec des détails très parlant. Et puis j'ai aimé me reconnaître dans ce texte. Ma vie n'est pas la même, cette scène n'aurait pas pu avoir lieu chez moi, mais c'est au niveau des ressentis que je me suis reconnue. <br /> <br /> Mille mercis pour ce texte.
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A
Merci pour votre long commentaire, Cécile et je vois que le sujet de l'hypersensibilité vous a rendue très bavarde. Je suis étonnée que vous n'ayez pas persévéré sur votre blog car vous savez dire les choses par écrit. Cette remarque répond peut-être à votre question, j'aime écrire et cela fait partie des choses que je sais faire.<br /> <br /> J'ai ce besoin d'expliquer de comprendre d'analyser et surtout d'extérioriser tout ce qui est en moi. Partager mon univers...<br /> <br /> <br /> <br /> Quand aux soins par la nature, je l'aborderai forcément dans mes prochains posts, tant sur la suite de mon étude sur l'hypersensibilité, que dans les articles que je proposerai sur l'Ayurvéda, mais aussi dans ce que j'aborderai dans la catégorie "Spiritualité".<br /> <br /> <br /> <br /> Voilà. Je ne peux que vous encourager à réessayer l'aventure du blog, vous avez des choses à dire et à transmettre. <br /> <br /> <br /> <br /> Bonne et douce soirée.
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C
Bon, je vois que cela va mieux......Vaste sujet que l'hypersensibilité et qui reste une affaire très personnelle . Pour être bien, il faut savoir se protéger des agressions multiples et variées et qui nous malmènent bien souvent. Certains résistent mieux, pour peu qu'ils aient une bonne aptitude à la résilience . Ils savent encaisser les chocs inévitables et rebondir en remontant à la surface. <br /> <br /> En ce qui me concerne, la nature et les animaux sont un bon moyen de se raccrocher à la vie et d'en supporter ses aléas. La nature, fidèle, immuable, répondant à la ronde des saisons forme un repère rassurant parce que constant .... Pour peu que les humains ne la bouleversent pas !<br /> <br /> Que dire de nos animaux de compagnie ? Quel bonheur de les avoir à nos côtés et quel malheur quand on les perd .... Le chagrin qui nous envahit lorsque nos compagnons des bons et des mauvais jours nous quittent .... Comme la nature, les arbres, les fleurs, la terre, l'eau ou l'air ......ils sont fidèlement présents comme en dehors des émotions qui nous assaillent trop souvent et nous font parfois du mal lorsqu'on se laisse déborder par elles..<br /> <br /> Ils sont mieux qu'une pilule chimique, mieux qu'un verre d'alcool, mieux qu'une drogue pour oublier son chagrin .... C'est une thérapie naturelle, une régression dans le temps, celui où nous vivions en contact étroit avec la nature....<br /> <br /> Voilà un sujet que vous pourriez évoquer dans un prochain message ....<br /> <br /> D'ailleurs, comment faites-vous pour alimenter si souvent ce blog ?<br /> <br /> J'ai bien essayé d'en ouvrir un , et puis j'ai tout effacé....<br /> <br /> <br /> <br /> CécileA
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Les phrases Lavande
  • Aventures, découvertes, apprentissages et lucidité d’une brodeuse de vie, au fil du temps passé et présent, ou à venir, peut-être… Journal d’une reconstruction ou d’une acceptation ?
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