Fraicheur
Oui ! De la fraicheur, c’est tout ce dont j’ai besoin pour le moment. Et je la trouve, la cultive, l’entretien.
Cela fait presque dix jours que je n’ai pas écrit ici. Et c’est bien que j’ai pris ce temps. J’ai me suis mise dans ma bulle, dans le calme de cette campagne, loin du tumulte de la ville et de sa chaleur qui s’accumule inévitablement. Ici, les nuits sont très fraiches et les journées ont l’air de la hauteur. Dans ces pierres bienveillantes, c’est facile de se reposer.
Samedi matin, nous avons fait une expérience vraiment agréable. Alors que l’on déjeunait tranquillement, il y a eu une coupure de courant. Qui a duré jusqu’en début d’après-midi. Et là, pas de possibilité de se connecter à un réseau, pas de tablette, pas d’ordi, même pas d’eau chaude pour se laver les cheveux. Cette eau froide était la bienvenue. Le calme total juste orné des chants d’oiseaux, c’était presque divin.
Depuis dix jours, j’accepte ce que m’ont dit les médecins. J’ai eu au début une certaine aversion, penchant dans ma victimisation. Heureusement, autour de moi, des mots m’ont rassurée. J’ai travaillé mon calme mental, en l’imposant à mon cerveau récalcitrant, en ne faisant pas cas de certaines pensées négatives. Une maladie de Basedow, ça se soigne très bien et pour moi, c’est un obstacle à franchir, pas une nouvelle épreuve, juste un crochet par une montagne un peu ardue. En haut du col, je dégusterai mon ascension et ensuite, je redescendrai tout tranquillement pour parcourir la plaine et rejoindre ma maison intérieure.
J’ai beaucoup pensé au dernier enseignement de Françoise. L’esprit… vaste sujet et encore plus si on se place d’un point de vue de la linguistique tibétaine. Là-bas, il existe près de six sens à ce mot ! Imaginez la largesse d’esprit que l’on peut alors obtenir ! Mais cela ne suffit pas à suivre la théorie, il est nécessaire de l’expérimenter, de la prendre comme elle résonne en nous, sans raison garder. En écartant les pirouettes du mental qui se manifestent alors sous un nombre impressionnant de formes, cherchant à brouiller l’entendement, pour que l’on ne se rapproche pas de sa nature fondamentale. Oh ! Comme il sait semer la confusion ! C’est à ce moment-là, que j’aime à me laisser porter par les vagues de mon intérieur. Après tout, les vagues ne sont pas l’océan, et l’océan n’est pas les vagues. Mais sans océan, il n’y aurait pas de vagues et sans vagues, il n’y aurait pas d’océan.
Et puis il y a eu la semaine de bac. J’ai tant pensé à mon Tom qui planchait ses épreuves. Je n’ai pas sombré dans le regret de ne pas être à ses côtés. C’est lui qui a choisi et nous a imposé cet éloignement. Ma présence physique n’aurait certainement pas changé grand-chose. Mais j’aurais pu continuer à lui offrir ma douceur, mon soutien et mon accompagnement, comme je l’ai fait pour Camille ou que je l’avais fait pour chacune des épreuves qu’il a passé avant cet été fou de 2016. Un jour, je l’écrirai, avec ce point culminant d’une audience face à un juge pour enfant, déjà trop formaté par des rapports subjectifs et dirigés non pas par la vérité, mais par des intentions nuisibles d’autrui. Ce sera cathartique pour moi, un témoignage pour mes proches et j’espère une ressource pour des femmes qui auraient à vivre la même chose…
La vérité… C’était un des sujets de philo de cette année, en littéraire. Et c’est celui qu’a choisi ce fiston rebelle.
Peut-on renoncer à la vérité ? Etonnant comme choix pour ce jeune homme. J’espère qu’il aura su rester dans son niveau atteint dans cette matière et qu’il n’aura pas fait l’erreur de laisser parler son expérience intime. Quoi que… Avec sa sagesse déjà atteinte, que pourrait-il craindre ? Il aura bien des années pour y songer aussi. J’ai pour ma part gardé en tête, voire continué à y réfléchir, au sujet que j’avais eu : Toute vérité est-elle bonne à dire ? C’est presque comique qu’à près de trente ans plus tard, la vérité soit encore au cœur de la réflexion.
Pour le moment, je continue ce repos, en somme, bien mérité. Je sens déjà les effets du traitement, cela lié à ma volonté d’aller mieux, c’est un bon cocktail pour retrouver mon dynamisme. C’est aussi très apaisant de se dire que cet état est peut-être la source de mon chemin de croix. Ces hormones en folie qui se sont tellement agitées ! Celles-là même dont me parlait Barbu : « On est régi par nos hormones, qu’on le veuille ou non… »
Lorsque je sens que mon cerveau entre en ébullition, je m’évade au milieu de séries télévisées, toujours d’un autre temps.
Quand ma poitrine est trop oppressée, je me recentre sur ma respiration et je fais confiance au temps qui passe.
Je me regarde penser...